Page:Nantel - À la hache, 1932.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
153
LA VIE AU CAMP

rales ouvrent leurs paupières plus grandes à la vue de ce luxe de cité…

Il faudra de nouveaux paillassons dans les lits en étagère du cuisinier et de ses assistants. Quelques brassées de sapinages sentant l’aurore, et la chambre peut recevoir ses hôtes.

Le poêle a perdu deux pattes, en cours de route. Des roches se pâmeront de chaleur, en se gavant des gouttes de sirop et de ragoût, tombées des lourdes cuillères.

Trois crochets blancs, en merisier, pour les seaux ; une rondelle d’érable, offerte comme appui à la tasse d’entrée, et l’hôtel Boisvert, plan laurentien, ouvre sa saison…

La loge des travailleurs subit un ménage complet. Vieux foins moisis, guenilles à dentelles de punaises et de poux, casquettes rongées, ayant servi de couche aux écureuils, et quoi encore ? sont brûlés sur le rivage.

Plusieurs jeunes gens aiment l’intimité. Une longueur de « broche » à foin, enfilée dans des poches d’avoine vides, décousues et lavées, servira de tenture et de ciel de lit pour onduler à la bonne chaleur de la « truie », tout près…

Ne criez pas à l’horreur, madame ? Je répète : « truie ». C’est le nom consacré par des âges de bûcherons, pour la fournaise en tôle bleue, ayant un diamètre de deux pieds et une