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LA VIE AU CAMP

un cœur taillé au couteau, large comme un cœur de bûcheron et entouré d’une guirlande volée à la soie d’un ancien faux-col.

La touchante grandeur de ces riens !

L’écurie est orgueilleuse de ses ouvertures : porte unique et guichet à fumier. Cela permet au frimas artiste de déposer ses arabesques en sucre sur le tout.

Les chevaux blancs du lac Boisvert sont beaux. Jamais vous ne les verrez salis d’urine. Gras, dodus, ronds, ils savent hennir, piocher, changer leur eau et se vider, comme de vrais chevaux du bois. Ici, pas d’entre-deux grillagé ou de marbre. Une simple perche de séparation. Aussi l’on mange mieux, en se regardant manger…

« Pitro », « Togo », « Charles », « Dick », « Danny », « Tom », « Nellie » et « Pitoune » vivent au grand air. La nuit seule les rassemble. La douce blancheur des croupes, lorsque dix lanternes, à hauteur du bras, permettent aux charretiers de jeter un dernier coup d’œil aux crèches, débordantes de foin nouveau.

« Nellie » et « Pitoune » régnent au fond. Leur rang, d’ailleurs, explique tout. Et, les chères petites, si, par malheur, elles se faisaient gripper ? Avec cette porte toujours ouverte. Non,