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LE TESTAMENT DE JOSEPH LAURENCE

— Étendez-vous donc dans la berceuse, monsieur Laurence.

— Y a pas d’danger. C’est inventé pour les femmelettes, ça. M’prenez-vous pour un malade ? La boîte à bois m’suffit. J’pourrai mieux chiquer, à ras la « truie ».

— Accepteriez-vous un cigare ?

— Pour rire de moé ? Grattez-vous. Je sus pas encore gaspillé à ce point. Si L’Épicier m’voyait, y crierait : « Y va mouiller, les cochons s’promènent ».

— Mais, cher monsieur Laurence, ce cigare vient de Saint-Jacques. Il a poussé chez nous.

— À c’te condition là, j’peux pas vous refuser. Mais soyez pas mortifié si je l’fume par étapes, dans ma pipe des dimanches. Ça f’ra d’là belle cendre pour frotter la « Fine ».

Je décide de mettre le brave à son aise immédiatement.

— Vous m’avez demandé un service, je suis à vos ordres, mon ami.

Laurence tarde à me répondre. Il tourne son cigare entre ses mains, le porte à ses narines. Enfin, il le fourre, d’un coup, dans sa poche de chemise. Après s’être levé et avoir bu, mon homme se plante devant moi, dos à la chaleur, et déclare, ému :

— J’veux faire mon testament.