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À LA HACHE

tissant la chute de la lumière, tombant trop vite, du ciel épais.

La porte de la mansarde a été taillée à la hache, dans un chêne. Solide et droite, elle est toute pesante d’hospitalité. Au milieu, une petite croix en teintes claires.

Valade est orgueilleux de sa porte. Il me la montre du doigt.

— C’est avec du bois pareil que j’ai fait les « bers » de mes quatorze enfants. C’était leur cadeau de naissance. Et ça fait du bien de flatter c’bois dur ; le souvenir, voyez-vous, à chaque fois que j’rentre ou j’sors.

Sur la façade de la masure primitive sont accrochés de nombreux pièges, des formes à raquettes, une peau de chevreuil, des racinages à tisane, une lanterne à globe brisé, une tresse d’ail, le balai en cèdre, la faucille et une vieille paire de bottes.

Des outils reposent sur le sol, mêlés aux rames, aux avirons, aux manches de ligne. Un godendard y brille, de toutes ses dents. Deux haches, enfoncées aux extrémités des poutres du mur, laissent pendre leurs manches, sanctifiés par l’usure. Un arrosoir renversé ouvre sa gueule blanche. Huit poussins dorment à l’intérieur, gavés de mouches. La brouette se transforme en hamac pour deux chats langoureux. Une char-