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Page:Nantel - À la hache, 1932.djvu/88

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À LA HACHE

Ratinet, v’là-ti pas notre homme qui promenait un saint-Joseph tout doré dans son jardin, suivi de son chien et d’ane moutonne qu’il avait apprivoisée. Et mes oreilles entendent le drôle qui crie à pleine tête : « Exaucez Ratinet… Exaucez Ratinet »… Et moé d’répondre, ben entendu : « Ora pas si vite »…

Un éclat de rire fuse comme des balles. Une autre tape m’ébranle. Le vieux, tout courbé de plaisir, se frappe un genou et termine.

— Vous m’crairez pas si vous voulez, mais le lendemain, toutes les ch’nilles étaient rendues dans l’jardin du curé. Laurence jette sa poche de linge sur un lit, la détache, en vide le contenu et s’empare d’une lourde hache à équarrir.

— La v’là, ma Fine !… Touchez si c’est doux… Et avec elle, pas d’pardon… À chaque coup, l’hiver comme l’été, à rentre de trois pouces dans l’bois…

Je n’ai pas douté de la parole du bûcheron, ni des exploits de la Fine à peau douce, en admirant son geste démonstrateur, qui fit voler en miettes le globe de la lampe suspendue au plafond.

— Batèche… j’ai encore cassé quque chose…

— Ne vous tourmentez pas pour si peu. J’arrangerai cela, lui dis-je en le quittant.

Un item de vingt sous augmentera mon