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À LA HACHE

dans le tapis des hautes herbes. Il s’habille avec soin, sans hâte.

Pantalon gris-clair, étouffé aux genoux par des grands bas bruns, à rayures vertes ; chemise jaune ; mouchoir en soie violette, à picots blancs, autour du cou ; bottes chocolat, allant à mi-jambe ; chapeau cow-boy, avec cordelette rouge, pressant sur le feutre des plumes de pivert, en éventail. Tel est l’accoutrement officiel d’un contremaître endimanché.

Les hommes font la grasse matinée. Seul le marmiton brasse ses plats.

— T’nez, l’boss, goûtez donc à mes fèves. J’les ai fait rôtir avec ane queue de castor. Rien comme ça pour donner du pic.

Le jeune beau s’amuse, en mangeant, à regarder de nombreuses mouches, qui recommencent l’ascension du Mont Blanc, à la suite, dans le bol de sucre. Il vide sa tasse de café par terre et se fait donner du thé, en terminant son repas avec toute une tartine aux pommes.

Vite maintenant sur la route, saupoudrée de fauves dorures, vers la gloire !

La rosée sourit. Ne se fait-elle pas becquetter par les moineaux. Dans les fossés de la sente, des crapauds roulent. Les cris doux enchantent. Les pustules de leurs peaux écœurent. Pourtant, ils ont des yeux tendres, une langue rose…