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UN DIMANCHE AU CHANTIER

À toute minute, des perdrix allongent le cou, dans la fenêtre des chiendents. Le marcheur leur parle.

— Aimez-vous, les petites !…

Les têtes pivelées affirment : « Oui », et les oiseaux continuent à grapper dans les feuilles mortes.

Au milieu de la montée Duplessis, à un mille de la Cache, Philias arrive nez à nez avec Rougette et la Caille. Surprise des deux vaches, partant au galop, queue droite. Le lait tombe des pis gonflés. Des taches bleues mouillent le sable. Rien n’émeut plus les bêtes domestiques, dans la forêt, que de se trouver ainsi, seules avec l’homme.

Le lac Clair ondule au loin, entre les collines. Lente caresse sous les nuages. Les bâtisses du Poste s’entrecroisent, au milieu des branches. Quatre des chiens accourent joyeusement. Ils sautent sur le visiteur. Tous veulent à la fois une parole, une tape amicale. Les énormes bêtes ouvrent la route, jappent, se retournent, reviennent, s’en vont, s’immobilisent, se sentant au derrière. Les queues noires, mélange de craie et de suie, les queues jaunes, oscillent sans arrêt, « tictacquant » la joie de vivre.

Une vingtaine d’hommes suivent leurs ombres, dans la cour. Trois chevaux hennissent, de-