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UN DIMANCHE AU CHANTIER

n’irai-je pas saluer Marie ? Les hirondelles ont déjà commencé, immobiles sur la corde à linge. Une « dizaine » au moins.

Je revois mon église natale. Ma chère maman prie. L’encens se mêle à l’orgue. La voix du vieux notaire Labelle déplace les anges cachés entre les colonnes. Je m’attarde dans le petit cimetière, qui se tasse amoureusement au mur humide du jardin. Les poulets du curé attrappent des mouches, parmi les roses. Les pierres tombales s’alignent, chaudes, entre les pivoines et les œillets. Route des cieux, jalonnée avec les âges des ancêtres, heureux dans leur repos…

Dans la salle à manger du Dépôt, les têtes nues se penchent. Le cuisinier, la voix pesante :

— Gloire soit au Père…

Entre ses pieds, un chat joue. Couché sur le dos, il essaie de capturer avec ses pattes un rayon qui suinte d’une fente de la couverture. Les hommes font ainsi, toujours, avec le bonheur…

— Cinq Pater et cinq Ave pour ceus qui sont morts par l’eau les années passées.

Tous répondent machinalement, du fond de l’âme, comme ils l’ont appris.

— Un Ave pour les ceus qui vont s’nayer c’te année.

Boischer essuie une larme. Son fils aîné a