Page:Nanteuil, L’épave mystérieuse, 1891.djvu/163

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terre la famille de Louisa Ravel. L’ancien négociant était mort laissant un fils et une fille auxquels mon père conduisit Marine. M.  et miss Ravel ne firent aucune difficulté pour reconnaître Marine, dont la ressemblance avec leur sœur les frappait aussi ; mais ils ignoraient absolument le pays qu’avait habité le jeune couple en quittant le Brésil, et les papiers de famille consultés ne fournirent aucun éclaircissement à ce sujet.

« Alors mon père prit la résolution de pousser ses recherches jusqu’au Brésil, où il est arrivé le mois dernier. Muni de lettres de recommandation pour divers grands personnages, il fut très bien accueilli à Rio, ainsi que Marine. Tous deux, non sans peine, ont fini par être admis auprès du comte d’Almeira, qui, d’abord très ému, s’est écrié en saluant Marine : « Les yeux de mon fils ! » Ensuite, pressé de questions, il resta muet, et une dame, sa nièce, supplia mon père de se retirer et de ne pas agiter un homme infirme et malade.

« Depuis ce jour, toutes les lettres sont demeurées sans réponse, et, quoique nombre d’anciens amis de la famille n’hésitent pas à croire Marine l’héritière des d’Almeira, d’un autre côté d’éminents avocats et des hommes de loi affirment qu’un procès n’est pas soutenable sans preuves à l’appui, et que la plus utile serait de fournir le nom de la ville dernière résidence du jeune ménage et enfin celui du port où s’est embarqué Juan pour répondre à l’appel de son père ; ces divers noms une fois retrouvés, on aurait sûrement la clef du mystère, parce que les livres des armateurs du bâtiment perdu éclairciraient bien des doutes. Voilà tout ce que je sais, lieutenant, » dit Ferdinand, qui ajouta : « Et je voudrais bien aller à terre ; mais, étant aspirant du détail…

— Bon, je me charge de vous faire remplacer, courez chez le commandant, qui vous aime tout particulièrement, demandez huit jours en lui expliquant le motif de cette requête exorbitante. Allez, mon ami.

— Merci beaucoup, mon cher lieutenant, mais ne descendrez-vous pas vous-même ? Il fait tellement chaud ici, et vous paraissez si fatigué…

— Non, et malgré tout le plaisir que j’éprouverais à rendre visite au commandant de Résort, je ne veux pas quitter le bord ; d’ailleurs je vais avoir une rude besogne cette semaine, et puis, si notre « Ogre » persiste à réclamer un conseil d’enquête, eh bien, on me trouvera là où il m’a mis !

— Si j’osais, répliqua Ferdinand, si vous vouliez me permettre…, ajouta-t-il en rougissant, mais sans continuer.

— Mon enfant, je vous comprends et je vous remercie de la bonne