Page:Nanteuil, L’épave mystérieuse, 1891.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
32
L’ÉPAVE MYSTÉRIEUSE

Le maire de Biville, son adjoint et le fermier Quoniam arrivés sur la plage de très bonne heure s’y trouvèrent devancés par des pêcheurs, hommes violents et grossiers qui venaient d’apercevoir derrière les grosses lames déferlant à leurs pieds une barque avec son équipage. La barque ne tarda pas à venir se briser à terre, et les misérables dépouillaient les mourants, les achevant peut-être, lorsque le fermier, le maire et l’adjoint tentèrent d’arrêter cette sinistre besogne ; Charlot accourut alors et très à propos pour prêter main-forte à l’autorité. Enfin les gendarmes se saisirent des « naufrageurs », ainsi qu’on appelle ces criminels.

Les naufragés, au nombre de six, furent transportés dans une cabane voisine, quatre n’existaient déjà plus en y arrivant et les deux autres, des enfants, paraissaient à l’agonie. Un exprès envoyé par le maire devait querir et ramener le médecin de Beaumont.

« Voilà l’histoire, » dit Charlot, qui ajouta, tout en riant d’un air bête : « Et voilà, et ça m’a amusé tout de même de cogner sur ces brutes sauvages, et j’ai pensé que not’dame viendrait voir un brin, et aussi que ça l’amuserait tout de même, et puis le médecin est loin, et not’dame, elle est un peu médecin tout de même. »

Bientôt prête, Mme de Résort rassembla en hâte diverses choses utiles à des blessés, ensuite elle partit avec Charlot, mais non pas sans avoir donné l’ordre à son fils et à Fanny de rester à la maison.