CHAPITRE V
Les naufragés.
Une cahute très primitive existait sur la plage au-dessous de Biville, elle servait aux douaniers pendant leurs veilles nocturnes ; deux mauvais lits de camp permettaient à ceux qui s’abritaient là de se reposer sans perdre de vue les points de débarquement depuis Dielette jusqu’au Nez-de-Jobourg.
Guidée par Charlot, Mme de Résort ne distingua rien lorsqu’elle pénétra dans ce réduit assez spacieux, mais imparfaitement éclairé ; cependant on chuchotait autour d’elle, par instants une voix s’élevait alors et, avec autorité, quelqu’un paraissait donner des ordres.
Bientôt, leurs yeux s’accoutumant à la demi-obscurité, les nouveaux arrivants comprirent ce qui se passait et pourquoi on parlait à voix basse. Au fond de la cabane, sous un drap jeté sur des fougères sèches et gardant une rigide immobilité, quatre corps côte à côte avaient été déposés, lorsqu’on eut reconnu le néant des efforts tentés pour les ramener à la vie. Ces hommes existaient-ils encore lorsqu’ils furent jetés sur la plage avec la barque mise en pièces, ou bien les naufrageurs leur avaient-ils donné le coup de grâce ? On ne devait jamais le savoir. Transportés déjà froids et alignés