Page:Narrache - Jean Narrache chez le diable.djvu/17

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séparer les atomes, s’est mis en tête de séparer les provinces ; deux entreprises qui me paraissent également explosives.

J’ai beau feuilleter plus loin, je ne trouve rien qui puisse m’enseigner le moyen d’évoquer Asmodée ou un de ses compagnons. À franchement parler, le vieux bouquin devient assommant à lire, presque autant que le Hansard.

Le gouvernement devrait défendre la fabrication de tous ces fameux somnifères dont on parle tant et obliger les médecins à prescrire la lecture du Hansard à tous ceux qui souffrent d’insomnie. L’effet serait magique. Évidemment, il y aura toujours des cas rebelles. À ceux-là, on prescrirait la lecture de deux pages de « l’Histoire de la province de Québec » de Rumilly. Deux pages, dose maxima. Une page de plus, ce serait le coma.

Vu que je suis depuis longtemps immunisé contre le Hansard et la Rumillyade, je crois qu’une généreuse rasade de rhum ferait mieux mon affaire et serait infiniment plus agréable à avaler.

Comme vous le savez, le rhum était la liqueur préférée de nos pères. C’est ce qui fit dire à Mgr Camille Roy que les Canadiens français étaient tous des fervents catholiques « rhumains ». Moi, j’ai toujours eu le culte de nos traditions sous toutes leurs formes, solides (les galettes de sarrazin), liquides (le rhum), gazeuses (les discours patriotiques). C’est avec cette pensée que je me suis emporté du rhum en revenant de la Barbade… Vous n’alliez tout de même pas penser que j’étais allé en avion, à l’autre bout de la mer des Caraïbes, pour en rapporter des noix de coco et de la mélasse !…