Page:Narrache - Jean Narrache chez le diable.djvu/21

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Un double « punch du planteur » eut tôt fait de me remettre parfaitement en état d’évoquer les esprits. C’est ce que je ne tarderai pas à faire : « Esprit des lois !… Esprit de parti !… Esprit de l’escalier !… Esprit de vin !… Esprit de sel !… Esprit de contradiction !… Esprit de… »

M’étais-je endormi un instant ? C’est fort possible. En tout cas, je venais de me cogner le nez sur ma table de travail. Au même moment, j’entendis tousser légèrement. (Dans de telles occasions, vous avez remarqué que la toux est toujours légère. C’est le truc classique de tous les romanciers.)

En tournant la tête vers la porte, j’aperçus un personnage vêtu d’un haut-de-chausse et d’un pourpoint de velours rouge, d’une immense cape de satin noir, et la tête décorée de deux cornes brunes entre lesquelles se tenait mal en équilibre un de ces haut-de-forme qu’affectionnent nos grands hommes, le jour du défilé de la Saint-Jean-Baptiste. C’est bien le cas de le dire : il avait l’air du diable. En me sentant pâlir, comme disent les romanciers, je m’écriai : « Diable ! » Entre nous, qu’est-ce que vous auriez dit à ma place ?