Page:Narrache - Jean Narrache chez le diable.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— « De wiskey ? Évidemment, tu es, toi-même, un esprit ! »

— « Justement. »

— « J’en ai ici ; il est épatant. Je l’ai acheté à la Régie. »

— « Je sais. Vos gouvernants ont de l’esprit à vendre. Mais, si je ne me trompe pas, ils n’en ont guère à revendre. »

— « Possible, mon vieux. Mais quand il s’agit de vendre de l’esprit et d’acheter des votes, ils sont hors pair. Maintenant, à ta santé ! »

— « Sois donc à la page, et bois à l’Assurance-Santé. »

— « À l’Assurance-Santé ? Tu veux donc que les croque-morts crèvent de faim ? N’ont-ils pas assez des médecins et des pharmaciens pour nuire à leurs petites affaires, sans avoir à souffrir de l’Assurance-Santé ?

— « Quoi ? Tu n’es pas heureux de savoir que tu peux être malade à plaisir aux frais du gouvernement ? »

— « Bah ! il y a des années que le gouvernement nous rend malades ; c’est bien du moins que, par un juste retour des choses, il nous soigne maintenant… Oh !… attends, je pense à une chose. »

— « Voyons ! Si tu te remets à penser, nous ne partirons jamais. Qu’est-ce qui ne va pas ? On dirait que l’esprit de contradiction, c’est toi ! »

— « Écoute ! Nous vois-tu flotter au-dessus de la ville en pareil équipage ? Toi, en BVD rouges coca-cola et moi, grimpé sur ton dos ?… Nous ne pourrons donner pour excuse que c’est le temps du Carnaval. »

— « Le Carnaval de Montréal ? Il n’est pas seulement fini ; je le considère foutu pour des années