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Page:Narrache - Jean Narrache chez le diable.djvu/45

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enrichis à ériger, à travers la province, des hôpitaux, des écoles, des couvents, ou à construire des bouts de routes et des ponts, sous le règne de Duplessis Premier et, heureusement, Dernier.

Tandis que nous gravissions les degrés d’un imposant escalier de pierre, je vis notre hôte tirer une clé d’or d’un de ses goussets. Je ne pus m’empêcher de lui dire : « Ta clé, c’est un vrai signe de piastre ! »

— « Un signe de piastre ? fit-il en riant. Attention ! ton joual vient encore de ruer. On ne dit pas une piastre, mais un dollar ! »

— « Eh bien, soit ! Un dollar ! Je ne voudrais pas me chicaner avec nos bons amis de « La langue bien pendue », même si notre dollar ne vaut pas le loup, par le temps qui court. De toute façon, c’est avec ce signe que tu ouvres ta porte, hein ? »

— « Ne fais pas l’idiot. Tu sais fort bien que le dollar est toujours la clé qui ouvre toutes les portes. »

— « Autrement dit : « Le veau d’or est toujours debout » ! »

— « Veux-tu bien cesser de me raser avec tes citations de Faust ! »

— « C’est promis… pour jusqu’à la prochaine fois. »

La clé, comme une bonne clé de sketch de radio, grinça dans la serrure et la porte, comme celle du haut-côté de Séraphin, s’ouvrit en geignant.