Page:Narrache - Jean Narrache chez le diable.djvu/44

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vois que vous êtes curieusement au fait de ce qui se passe à Montréal et dans ma province. »

— « C’est que, voyez-vous, je lis vos journaux, « La Presse », « La Gazette », et jusqu’en juin dernier, je lisais « Le Nouveau Journal ». Entre nous, c’était mon préféré. »

— « Vous n’avez pas nommé « Le Devoir » et « L’Action ».

— « Oh, ces saintes feuilles ne sont lues qu’au ciel. »

— « Et « Montréal-Matin » ?

— « Je vous avoue que mes connaissances du petit nègre ne sont pas assez avancées. Et puis, j’écoute la radio canadienne française de Montréal : CKAC, CKVL, CJMS, CKLM. »

— « Vous avez oublié de mentionner Radio-Canada. »

— « C’est que CBF n’est pas un poste de radio canadien français ; c’est un poste français tout court. Est-ce que je me trompe ? »

— « Vous m’amusez, en tout cas. Qu’est-ce qui vous fait croire cela ? »

— « C’est qu’à CBF, il n’y en a que pour les Français. Vos chanteurs, vos artistes y font figure de parents pauvres qu’on accepte comme un pis-aller, quand on manque de Français. »

Je ne voulus pas discuter. Charron et moi suivions notre compagnon qui se dirigeait vers un imposant chalet dont je distinguais la structure dans la demi-lueur de l’aurore montante. Il était de cette architecture qu’en bons « suiveux », nous nous sommes empressés d’emprunter aux Américains (soyons fiers de leur avoir enlevé le monopole des constructions monstrueuses !). Il avait l’air cossu affectionné par les entrepreneurs qui se sont