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Page:Narrache - Jean Narrache chez le diable.djvu/49

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LE DIABLE
EST
À LA MODE


— « Entrez, mes bons amis, fit notre hôte. Entrez, vous êtes chez vous et mettez-vous bien à l’aise. Tenez, mon bon Charron, installez-vous dans ce fauteuil bien moelleux. Vous y serez confortable ; je l’ai volé à un conseiller législatif à Québec. Vous allez voir comme on y dort bien, en oubliant tous ses soucis… Quant à toi, choisis le siège qui te plaira ; je te sais assez effronté pour que je n’aie pas à m’inquiéter de ton confort. »

Charron mit sa vieille casquette dans une poche de sa vareuse et s’assit, avec les précautions d’un brave type que le luxe criard du chalet éberluait totalement. On eut dit un député créditiste s’installant pour la première fois dans son fauteuil de la Chambre des Communes. Quant à moi, je me laissai tomber dans un fauteuil de simili-cuir rouge et jetai un coup d’œil à la ronde, tandis que notre hôte se dirigeait vers un bar fort bien garni, occupant un coin de la pièce.

Comme chalet de parvenu, c’était parfait. Fauteuils de simili-cuir rouge, chaises de paille et d’osier de forme « fonctionnelle », comme disent les annonceurs ; Chesterfields à multiples coussins multicolores, tables basses et étroites aux formes tarabiscotées, encombrées de cendriers de Lalique ou de Val Saint-Lambert, boîtes de céramique