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LA THÉORIE DU
BON CRIMINEL


— « Sauf erreur, me fit remarquer le diable, vos magistrats ont toutes les peines du monde à faire incarcérer les criminels. »

— « Tu as raison. J’ajouterai qu’il est bien plus facile de faire sortir un criminel de prison que de l’y faire entrer. »

— « Mais à quoi cela tient-il ? » fit le diable.

— « Vois-tu, dès qu’un criminel paraît en cour, son avocat s’empresse de demander que son client soit libéré sous caution, en attendant son procès. »

— « Bah ! C’est de bonne guerre, reprit le diable en riant. Il faut bien que son client ait une chance d’aller commettre d’autres forfaits. Ceci le mettra en mesure de payer les honoraires de son défenseur, avant d’entrer en prison pour de bon. »

— « Veux-tu bien te taire et ne pas dire de telles énormités ! » fis-je à mon tour en riant.

— « Quand le magistrat, en dépit de toute la palabre de l’avocat, condamne un criminel, il me semble toujours y avoir une association, du genre vieille fille au cœur tendre, qui s’apitoie sur le sort du criminel, ce pauvre hère que la société punit. Je me demande si certains membres de pareilles associations n’ont pas déjà quelqu’un de