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Page:Narrache - Jean Narrache chez le diable.djvu/72

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— « Pessimiste enragé ! fit le diable. Si je continue à t’écouter, je finirai par ne plus rien comprendre à la vie. »

— « Tu vas te trouver en bonne compagnie, mon vieux ! La vie, qui la comprend ? On entre dans la vie, à tout hasard, comme un piéton entre dans un cinéma dont la représentation est déjà en cours, et qui en ressort, avant d’avoir attendu la fin. Il s’est fatigué à regarder des scènes, sans savoir comment tout cela avait commencé, et il en ignorera toujours le dénouement. »

— « Allons, allons ! Abandonnons le sujet. Prends plutôt ce verre de rhum ! Figure-toi que c’est du vin. Cela me permettra de te citer ce quatrain d’Omar Khayyam : « Bois du vin, pour qu’il chasse au loin toutes tes misères. Si tu en prends une gorgée, il fera s’évanouir en toi mille soucis. »

Je dégustai mon rhum, tout en lui faisant observer que si Omar Khayyam avait bu du rhum, il eut été encore mieux inspiré.