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Page:Narrache - Jean Narrache chez le diable.djvu/84

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— « Et puis, le jour où le chaputisme régnera sur notre province, qui te dit que les Anglais et les Américains ne fermeront pas leurs usines et leurs industries pour aller s’établir en Ontario ou ailleurs dans le Canada ? Du reste, le mouvement est déjà commencé. »

— « Alors, vous les remplacerez… par vos propres industries », fit le diable.

— « Nos propres industries ? Lesquelles ?

— « Celles que vous fonderez avec votre capital.»

— « Notre capital, mon vieux, il y a belle fleurette qu’il est immobilisé dans des hôpitaux, des églises, des couvents et d’autres entreprises aussi rentables. Et puis, compte que la majorité de nos rentiers, petits ou gros, reste bien confortablement assise sur son petit tas de dollars, de peur de perdre un cent en le risquant ! »

— « Alors, à y bien penser, votre Québec ne peut s’isoler et vivre tout seul par lui-même, quoi qu’on en dise. »

— « C’est entendu. Même si nous voulions fonder nos propres industries, ne nous faudra-t-il pas commencer par acheter ailleurs notre machinerie, et même certaines matières premières ? »

— « Pas besoin de chercher bien loin pour s’en rendre compte. Essayez donc, sans rien demander ailleurs, de confectionner des complets, des manteaux, des robes de cotonnade, par exemple. »

— « S’il nous faut tout importer et que nous exportions peu, que vaudra notre argent ? »

— « Ne crois-tu pas que le Québec deviendra comme certaines îles des Caraïbes ? »

— « C’est fort possible… J’ai eu sous les yeux l’exemple de la Barbade qui ne produit que du