Ayant eu le temps de me remettre de mon premier ahurissement, j’ai un : « ah ! ah ! » d’une si parfaite et sincère indifférence que son « courroux » se change en une espèce de stupeur — désappointée (?). Oui, désappointée, vraiment. Il est tout-à-coup rassuré, — soit ! Mais son effet n’a pas porté !
Sa confiance dure peu, néanmoins. Il sait, peut-être par expérience, que toutes les hypocrisies sont familières aux « lâches suborneurs ». C’est d’une voix encore plus mélodramatique et sombrée qu’il m’annonce qu’il va la chercher. Il désire qu’elle me voie, que je la voie ! C’est la scène de confrontation.
Mon animal beaucoup plus scélérat que je ne l’eusse rêvé n’a jamais cru à ma folie à laquelle je suis bien obligé de croire, moi, au moins de temps à autre ! Il n’a osé m’amener ici qu’après s’être figuré m’avoir enivré, m’avoir abruti par de stupéfiants alcools. S’il est venu me voir dans les premiers jours de ma réclusion c’est parce qu’il a été averti de mon état de coma succédant à une crise violente, déterminée, d’après lui, par la fureur. Il ne s’est risqué dans l’antre que pour ne pas sembler dénaturé, — tranquillisé, du reste, par l’idée que j’étais incapable de remuer pied ou patte. Il n’a plus reparu jusqu’à présent, les nouvelles de ma santé lui paraissant trop bonnes. J’avais, sans doute, « récupéré » ma vigueur et la fantaisie pouvait me prendre d’en abuser en lui administrant