Page:Nau - Force ennemie.djvu/169

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étaient devenus vagues et troubles. À le voir se camper en face de moi, les deux mains dans ses poches, les épaules remontées, la tête redressée, dans une attitude de résolution et de défi, je devine qu’il va jouer le grand jeu :

— Mon cher, me dit-il, tu te portes décidément mieux. Le Dr  Froin ne se trompait pas. Tu dois avoir envie de sortir d’ici et j’aurais honte de te laisser moisir trop longtemps dans un pareil endroit. D’un autre côté tu as besoin de soins. Quelle que soit la nature des émotions que tu as éprouvées, tu as été rudement secoué et la solitude complète ne te vaudrait rien. Or, j’ai pensé à une solution qui peut t’assurer la liberté, — oh ! pas tout de suite, tout de suite ! (il faut que tu te reprennes !) — la liberté et la sauvegarde d’une solide et prévoyante affection. — J’ai même parlé de mon projet à une personne, « sans le bon vouloir de laquelle il ne saurait aboutir ». Tu sais que Jeanne Stolz qui avait épousé Fernand Lacoste, est veuve depuis plus d’un an et tu connais la bizarre et excellente nature de cette aimable femme, jolie et riche, par-dessus le marché !

Il dit cela avec componction, Elzéar !

— Tu te rappelles que si elle a consenti à épouser Lacoste qui était une idée plus beau qu’un gorille et doué d’un caractère d’ours gris, ç’a été bien moins à cause de l’amour furibond dont il la poursuivait que par suite de bavardages d’un ami du prétendant. Ce modèle des Pylades lui révéla que Fernand souffrait d’une affection chronique atroce-