Page:Nau - Force ennemie.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Me voilà bien avancé ! Enfin vous n’avez pas l’intention de me conserver ici sous clef indéfiniment. Je suis absolument raisonnable et ne puis être un danger pour personne.

— Vous êtes encore très excitable et très nerveux, comme tous ceux qui se sont mis dans votre cas.

— Que voulez-vous dire ?

— J’entends, comme tous les alcooliques.

— Ah ça ! êtes-vous venu ici pour m’insulter ?

— Eh ! vous commencez à m’échauffer les oreilles ! Et vous me tapez sur les nerfs ! Est-ce qu’on insulte un ivrogne, un soûlaud, en lui disant qu’il est un soûlaud ?

Je fais tous mes efforts pour demeurer de sang-froid et réplique très posément :

— Je veux bien admettre que j’aie certains excès à me reprocher. J’ai été jusqu’à ces temps derniers, malgré mon apparence, un homme de très forte constitution, gros mangeur et grand buveur. Pourtant je vous assure que je n’ai jamais souffert de mon « intempérance » avant d’avoir éprouvé de cruels ennuis récents. En tout cas, il me semble que le rôle d’un médecin est de soigner et non d’injurier. Quand je quitterai cet établissement vous pourrez m’adresser des recommandations… aussi courtoises que possible. Là s’arrête votre droit.

— Vous me tapez sur les nerfs ! Je vais, peut-être, prendre des gants !…

— Bon ! supposons pour un instant que vous