Page:Nau - Force ennemie.djvu/283

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verts, comme tels somnambules plus que lucides, en adressant un sourire ineffablement triste à une bouteille de cognac du comptoir. Vous ne fumez pas d’opium, que je sache !

À celui-là, — en abrégeant pour ne pas le fatiguer, — je puis raconter mon histoire et ne m’en fais pas faute :

— Très joli, tout cela, me dit-il quand j’ai fini ma petite narration, mais vous n’allez pas demeurer ici jusqu’à deux heures du matin. Dans les belles dispositions où je vous vois, vous seriez homme à vous griser comme un membre de société de tempérance et à confondre, une fois lesté, un banc du Boulevard St-Michel, ou même une bouche d’égout avec votre lit de l’Hôtel du Périgord. Venez passer une heure ou deux à la maison. Je demeure tout près, comme vous le savez. Vous reprendrez votre équilibre au milieu de gens pondérés et je vous reconduirai ensuite jusqu’à votre caravansérail.

Je résiste un moment, plus effrayé que jamais des familles de mes amis. Cependant, Nélix m’ayant mis presque de force sur mes pieds et entraîné sans écouter mes objurgations, je me trouve sur la place du Panthéon, puis sur les marches d’un escalier et enfin, sans avoir eu le temps de me reconnaître, dans une grande pièce claire où des figures inconnues mais agréables me regardent amicalement. Un contretemps, la mère de Nélix souffre d’une terrible migraine. Je me promets dès lors de m’échap-