Page:Nau - Force ennemie.djvu/67

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ce pouacre de Veuly et je le retrouve ici à faire son lézard, à se rincer l’œil du spectacle comme au Grand Théâtre de Baume-les-Dames ! Faites-le-moi transpirer, ce salaud-là, et que ça ne traîne pas !

Aurais-je contracté la maladie du « prophète » Jean Jouillon ? Léonard me retient le pied juste à temps. J’avais cassé une assiette, ce matin ; j’allais maintenant en bleuir une autre dont la mise en couleur pouvait me coûter plus cher que l’achat de tout un lot de « Vieux Rouen ». Mon gardien m’emmène le plus vite possible, noyant ma colère sous un flot de paroles. Il m’ahurit, me déroute, me « sange les idées ». Quand il me voit moins egzité il m’affirme que Bid’homme n’a rien vu, mais que sans lui, Léonard, je risquais une de ces histoires « que l’Inquisition et le mal d’oreilles étaient pas grand’ chose à côté ! » Puis il secoue la tête et prend une expression d’invraisemblable perspicacité, d’expérience désabusée, de résignation philosophique :


— Ce Bid’homme de malheur, grommelle-t-il, je l’ai toujours vu braque. Mais après ce qui vient de se passer, je mettrais bien « deux doigts su’ l’ gril » que c’ pauv’ M. Magne avait raison, tout à l’heure : Bid’homme a kekchose de pas naturel. Est-ce qu’il se soûlerait, à présent, ce cochon d’Inde enragé ? ou bien ?…

Pour chasser un instant le souvenir du distingué aliéniste, j’interroge mon gardien sur la cour que nous venons de visiter.

— Oh ! celle-là ! me répond Léonard, c’est