Page:Nau - Force ennemie.djvu/75

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maine ? Vous m’aviez promis de me parler de lui…

— Ah ! le malheureux gars ! En voilà un qui appartenait à une triste famille ! Tous des gens bien « plaisants » mais retournés comme de vieilles culottes ! Voulez-vous croire que son père qui était épicier à Cany et qui avait des sous que c’en était infect, est mort ici, ’y aura bientôt cinq ans. Le samedi qu’il entrait, lui, le gosse (c’est à la suite du service militaire que ça l’a pris, on l’a trop embêté à la caserne), ce samedi-là, ça fait deux ans, sa sœur commençait à « foller » ; et je l’acconduisais à notre établissement par le rebours du courrier, comme on dit, le « lundi en quinze », à l’heure du dîner (y avait du « gros-yeux » à la vinaigrette et de l’haricot de mouton, je me rappelle bien, p’têtre) ! Il a un frère qui a été encaqué chez nous voilà dix-huit mois : ’l est en cellule, l’éfortuné ! Sa mère qui était cousine-germaine du père, paraît qu’on va la voir aussi un de ces jours : ’y a des plaintes de voisins ! C’est p’têtre seulement moi qu’irai la boucler, la pauv’bougresse ; je suis plus « soignant », plus « arrangeant » qu’un autre, on m’envoie de préférence dans ces cas-là. Comme ça Charlemaine aura toute sa famille dans la maison !… Et toute amenée par moi !

— Est-ce qu’il voit sa sœur et son frère ?

— Son frère ! Bien sûr que non ! Les « cellulards », leur faut pas de « bouzin » et comme vous avez pu vous en apercevoir, Charlemaine c’est un rigolo (!) — Sa sœur… des fois ! C’est assez dolou-