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CHANSONS TRISTES

Pour H. DHf<t/.

La rue herbue où chantent des enfants,
Avec ses murs plâtreux arqués par les rafales,
Ses toits disloqués et tombants

Désole sous le ciel jaune si pâle

Des seuils ouvrant sur une acre nuit de misère
Aux odeurs de fièvre et de mort,

Tels refrains prennent leur funèbre essor
Comme des oiseaux noirs d’un cimetière
Et planent sur le deuil automnal de la mer.

Dans les faubourgs tout hérisses de tours fumeuses
Comme des burgs de rêves possédés,

Où peinent les servitudes houleuses,

D’où semblent s’exhaler des râles excédés
En la grondante plainte des machines,

De lentes cantilènes que font plus chagrines