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HTEM BLEUS

t8

Plus son soufHe nous la révèle et nous pénètre
De sa secrète essence intime.

0 terre inconnue qui t’endors si près de nous,
Si près et si loin, par-delà ces masses d’ombre,
Serons-nous mieux initiés à ta vie profonde
Demain, par le bleu mensonge du jour,
Qu’en cette heure où tu t’abandonnes,

Où tes nocturnes effluves parlent et avouent ? i’
Je devine ce qui frissonne

Dans tes rues humides sonores de solitude
ht ces odeurs chargées comme d’inquiet ennui
M’apportent ce qui sourd de trouble incertitude
Angoissée des fumées de pauvres nourritures.
Aussitôt m’apparaissent, brûlants et rougis,
Derrière d’invisibles fenêtres,

Les yeux navrés qui cherchent dans la nuit
Sous les étoiles des fanaux rouges et verts
Dont les longs rais se brouillent sur le ciel funèbre
Un astre ami prévu qui tarde à s’allumer.
Ht voici, toute froide et comme murmurante,
L’haleine si poignante des jardins mouillés,
Pleine de confidences pleurantes

0 tant d’amours qu’avivent les renoncements,
Qu’exaspèrent le < jamais plus » et l’impossible,
Tant de vieux amours douloureux et charmants
Fleurirent donc parmi les floraisons captives 1