HIERS BLEUS 29
2.
H faisait un doux temps pâle aussi, ce jour-là
Les verdures chantaient au-dessus des volières
Et des neurs cachées disaient d’étranges « Là-bas »
Dans le souffle nacré de !a Mer.
J’étais auprès d’une autre, inconsciente et nonchalante
Qui guettait l’essor de fantômes bleuâtres,
Dans les nuées changeantes,
Entre les arbres.
Quand je te devinai, voisine d’âme et belle,
Perdue parmi des femmes et seule présente,
Qui me regardais suivre tes visions frêles
En les prunelles indifférentes
Tu captas mon être entier dans tes yeux
Des ères mortes semblaient renaître,
Et tu fus comme affligée de me reconnaître
Et tant et si peu
Sur des grèves plus belles, en plein rêve ?
Dans l’alanguissement de plus immatériels parfums,
Avions-nous eu, durant des éternités brèves,
Un secret adorablement triste en commun ir
0
0 !e pourquoi de nos âmes désentacées ? P
0 !e Passé, fuir dans le Passé avec toi 1
Mais déjà pàlit ta forme en l’air bleu plus froid
Comme j’ai dû pâtir vite dans ta pensée.
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