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Page:Nau - Hiers bleus, 1904.djvu/42

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HtERS BLEUS

34

La cabane que, doucement. reprend la sylve.
Sous les stalactites des banyans,

Craque aux souples efforts impulsifs

Des noires couleuvres des lianes.

Rien n’y dit plus le roux pays brûlé,

Loin sur une autre courbe du globe,

Plus même ces portraits jaunis qui se dissolvent,
Fantômes déjà distants et brouillés

Dans l’air mortel aux ombres d’Europe.

Dans l’air perfide où ce qui fut le Moi d’antan
Lentement et tristement s’évapore

Rien pour me protéger contre le flot montant
Des impressions angoissantes et sauvages
Qui ravagent de pauvres êtres devinés

Tout près de moi, sous l’insondable des feuillages,
Dans la sublime horreur des lois disséminés,

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Rien qu’une image

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Une image dont l’or s’éteint,

Dent le lourd coloris d’ineffable se teinte
Dont le dessin brutal prend une grâce

Evanescente dans la pénombre verdie,
Une douce fluidité mystique éparse