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HIERS BLEUS
Des végétations confuses
Se tordent au vent glacial qui s’éternise
Blancheurs mornes d’étranges demeures apparues,
Déesses de marbre à demi brisées,
S’érigent comme des phares sortant des brumes
Et l’on sent que dès souffrances si poignantes,
Si mystérieuses à jamais tues,
Ont ravagé des âmes, là stagnantes,
Qu’il n’est plus de vie et de pleurs qu’en les statues.
Par le long crépuscule bleu de juin finissant,
Sur l’eau du bassin mollement plissée
De roulants sillages dont l’argent va pâlissant,
Des cygnes noirs glissent comme des pensées
En le miroir oscillant que brouille
Leur calme essor d’une insensible houle
Des fleurs, des feuillages et des monstres de bronze
Surgissent et replongent comme des songes.
Un souffle d’une fraîcheur sidérale.
Et dans la glace fluide brusquement claire
Apparaît, charmeusement spectrale,
Une forme qu’on dirait la florale
Expression d’une tristesse de lumière,
Une forme dont les grands yeux de femme
D’une désolation comme pâmée
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