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II

La Ville Hantée

Après les sentes creuses rosement fleuries,
Tépides en leur vert crépuscule feuillu
Et le trouble bonheur inquiètement tapi
Aux frondaisons frissonnantes des avenues, —
Après la gloire assez incomprise qui nimbe
D’or faux mais clair les nobles villas des Faiseurs, —
Les sveltes filles qui se tassaient en corymbe
De coiffes blanches d’un luisant frêle de fleurs
S’égaillent sur le haut rivage, — au fol air libre.

Et la molle révolte bleue de l’eau s’ébroue
Sous des crinières écumeuses qui se givrent
D’un froid fourmillement roulant d’étoiles ivres.

Puis la plage s’éloigne — et la muraille hindoue
Qui, loin du Gange au lent sommeil fluant d’eau lourde.