d’une muse aimable et caressante, chantant de douces chansons au-dessus de moi… Celle qui m’a opprimé de bonne heure, c’est la muse des sanglots, du deuil et de la douleur, la muse des affamés et des mendiants… Ses chants simples ne respirent que le chagrin et une plainte éternelle. » — Cet homme a enfermé dans ses cadences toutes les larmes, toutes les malédictions de la Russie. Et comme son imagination est aussi riche qu’elle est sombre, sa poésie embrasse tous les aspects de la vie nationale, toutes les conditions de l’homme russe, les villes et les champs, les réalités et les rêves. Mais ces compositions si variées sont uniformément gravées à la manière noire, avec le même corrosif.
Quelle est la place de Nékrassof dans la poésie russe ? Une place secondaire : ses compatriotes le mettent au-dessous des grands lyriques de la période romantique, de Pouchkine et de Lermontof. Il n’a ni la sérénité du premier, ni la passion du second, surtout il n’a pas leur don d’expression musicale, le quid divinum, et