Page:Nemo - L’Amitié, 1884.djvu/18

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C’est, sous le regard de Dieu, aimer sans arrière pensée et être aimé de même ; vouloir à ceux qui sont l’objet de notre affection tout le bien possible, être prêts à verser notre sang.

En effet, le cœur humain étant fait pour aimer, cette tant haute et noble qualité résulte de sa constitution elle-même.

Immortelle, elle est faite pour le vrai beau ou la vertu, cette inappréciable autant que ferme et constante disposition à se porter vers ce qui est conforme à la raison, à la conscience, à la religion, et à s’éloigner de ce qui est opposé à toutes trois.

Or, dès que, d’un côté, elle se montre et que, de l’autre, elle est vue, les hommes se comprennent, les cœurs s’échauffent et s’attachent par une mutuelle bienveillance.

Cela posé, si telle est sa puissance qu’elle se fasse estimer même d’un ennemi, pourquoi s’étonner que, quand nous la croyons découvrir en ceux avec qui nous pouvons nous lier, nous y soyons sensibles ?

Noble et sainte amitié, dont le nom seul est cher aux âmes bien nées, dont la pensée, autant qu’elle réjouit, élève, grandit, que ne puis-je, te montrant seulement par quelques-uns de tes côtés, pour ne se pas entre-déchirer, te faire apprécier des mortels !