Page:Nemo - L’Amitié, 1884.djvu/17

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Son nom est doux et puissant :

Amitié !

La langue infirme et défaillante des hommes ne saurait dire tout ce qu’apporte de bonheur son désintéressé commerce à des âmes sœurs qui, passant comme l’une dans l’autre, ne paraissent plus n’en faire qu’une : toutes les joies, tous les charmes que, comme une douce et bienfaisante aurore, elle répand sur leur existence.

En un sujet sur lequel s’exercèrent les plus beaux génies et que je ne saurais qu’effleurer, je ne te veux dire que ma façon de penser.

Aussi bien que dans la croyance des anciens, il a toujours été dans la mienne que, l’amitié, c’était ensemble vouloir et ne pas vouloir ; mais, bien entendu.

Il n’est pas rare de voir les méchants désirer, haïr ou craindre la même chose, aspirer à un même but, ensemble vouloir et ne pas vouloir.

L’amitié n’étant que dans le bien, ce n’est pas l’amitié cela ; c’est cabale, faction, complot, conjuration pour le mal, sans vraie estime réciproque, complicité de méfaits.

L’amitié, c’est aimer et être aimé ; c’est s’attacher par un sentiment gratuit, dont le besoin n’est pas le principe ; ni l’utilité, la fin.