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CHAPITRE VII

Dignité de l’Amitié.


Pour mieux faire connaître ce que tu es, puis-je bien dire ce que tu n’es pas, ô bonne, sainte Amitié, idole du cœur innocent, passion du sage ?

Je crains presque. Ne le redoute cependant pour ta gloire. N’existant qu’entre personnes vertueuses, l’amitié ne se lie qu’à bon escient : elle a horreur de tout ce qui n’est ni juste, ni chaste, ni charitable.

Pas plus que l’amertume ou la dureté, l’amitié ne sait point l’orgueil, la colère, l’inégalité, fruit de la faiblesse et de la passion mal domptée.

L’amitié n’a rien de commun avec la dissimulation et le déguisement, la flatterie ou l’intérêt sordide : Ce n’est pas Cratère qui aime le roi ; mais Éphestion, Alexandre.

L’amitié ne croit pas à la légère.

L’amitié n’est pas soupçonneuse et ne trouve pas éternellement des torts ; seulement, elle risque de déplaire pour être véridique et fidèle.