Page:Nemo - L’Amitié, 1884.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mœurs. Il faut être en âge d’homme, à cette époque de la vie où l’on ne change pas.

Outre qu’elle n’existe guère qu’entre égaux, des éléments divers, dont la rencontre est difficile, sont de rigueur.

Il faut indispensablement quatre choses : la sympathie, les bonnes mœurs, même culte du vrai Dieu, même politique. En dehors de cette essentielle réunion, point de vrais amis, point la vraie, parfaite amitié.

Parce que l’on se voit, parce que les affairés mettent en relation, tout le monde a sur les lèvres le mot d’ami. N’est-ce pas que la justification du banal et vieil adage : Autant est commun le nom, autant est rare la chose ?

Tout homme qui entre en réflexion ou remue avec quelque sérieux les annales du genre humain, en fait l’affligeante remarque. La longue antiquité, entre les générations de bientôt soixante siècles, compte les amis, savoir : chez le peuple choisi, un David et un Jonathas… par les nations païennes, un Thésée et un Pirithoüs ; un Achille et un Patrocle ; un Épaminondas et un Pélopidas… peut-être, un Oreste et un Pylade, avec un Damon et un Pythias, moins connus et non moins dignes de l’être.