Page:Nemo - L’Amitié, 1884.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ruine, désolation, opprobre des hommes.

Eussiez-vous votre cœur de diamant ; les fibres de votre cou, de fer ; votre front, de bronze : fussiez-vous capable de soutenir les chocs les plus terribles, l’accablement des derniers malheurs, qu’un témoignage d’intérêt est un allègement à la peine ! Qu’ils sont amers les pleurs solitaires ! Fils de l’adversité, dites !…

Si les tribulations du temps sont ces rochers détachés de la montagne qui remplissent le chemin, si un seul ne les peut remuer ; si deux les roulent et passent, seul que devenir ? Vers qui lever les yeux ? À quelle porte frapper ?

Dans votre affliction profonde, vous est-il loisible même de toujours entrer dans la maison de vos frères et de vos alliés ?

N’attendez rien que d’un véritable ami. Sa fidélité à lui ne prend pas frayeur de votre infortune. Il n’attend pas que vous alliez à lui, que vous lui disiez : ayez pitié de moi, vous, au moins, qui êtes mon ami.

Il prend tout ce qu’il peut du poids qui vous écrase. Il est encore plus aimant dans le malheur.

Vous versez dans son sein une partie de votre douleur ; lui, dans le vôtre, son compatissement et sa commisération.