Page:Nemo - L’Amitié, 1884.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il est un ami qui, pas plus que de la vérité, n’a le courage de sa conviction.

Il est un ami qui ne plaît que par ses défauts.

Il est un ami qui ne l’est qu’au jour de la prospérité et ne l’est plus au temps de l’adversité.

Il est un ami qui ne l’est que tant qu’il y trouve son avantage.

Il est un ami incapable, pour vous être utile, du plus léger sacrifice de ses susceptibilités et de ses intérêts ou mondains ou politiques.

Il est un ami qui, en face, en a toute l’apparence et, le dos tourné, vous décrédite avec une malignité à vous briser les os.

Il est un ami soupçonneux et crédule qu’un autre avec perfidie conseille. Le premier est un sot qui n’aura ni paix, ni ami ; le second, un fieffé coquin. Vous en tenez à distance ; la maison de l’un comme de l’autre vous tomberait sur le dos.

Il est un ami qui toujours a dans la bouche la paix et, dans le secret, vous dresse un piège. Rien qu’à son haleine vous le pouvez pressentir. Craignez moins le venin des aspics.

Il est un ami envieux. Si vous mangez de ses viandes, sa malignité juge mal du fond de votre cœur, croyant y voir ce qui n’y est pas.