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LE MOUVEMENT DE CURIOSITÉ.



A quatre heures après midi d’une belle journée de Septembre, Mlle. de Beaucontour, âgée de dix huit ans, jolie lectrice de Mde. la Duchesse de .... disait à Mlle. Lajoie[1] première femme de chambre :

— Comme nous allons nous ennuier, mon cœur, pendant cette éternelle soirée ! Pas un chat au chateau !

Mlle. Lajoie. Voilà certes la réflexion et l’expression d’une espiègle qui laisse volontiers aller le chat au fromage.

Mlle. de Beaucontour. En vérité, Lajoie, vous avez parfois des idées…… bien désobligeantes pour les personnes qui vous aiment le plus !

Lajoie. Vous voilà fâchée !

Mlle. de Beaucontour. Pas tout-à-fait encore ; mais il ne s’en faut guères.

Lajoie. Pour que je rentrasse dans vos bonnes graces, ne vous faudrait-il qu’un petit doigt de cour[2] ? Au lieu d’un chat, contentés-vous, pour le moment, d’une chate qui fait, comme vous savés, faire patte de velours assés agréablement.

  1. Mlle. Lajoie est une grande brune de vingt et un ans, qui a beaucoup d’expérience en tout genre ; la lectrice, moins formée, brille dumoins par d’étonnantes dispositions.
  2. Ceux qui sont au courant des mœurs du siècle, savent bien que les amies à la mode se font sans façon de ces offres là ; et que sans façon elles sont presque toujours acceptées. — C’est, qu’il n’y a pas le plus petit mal à cela.


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