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Mlle . de Beaucontour. (minaudant.) Mondieu ! que tu es folle ! tu ne penses qu’à ces drôleries là.

Lajoie. J’aime fort ce qui est drôle, moi (elle a déjà la main sous les jupes de la lectrice.)

Mlle .de Beaucontour. (se laissant pourtant faire.) J’ai bien autre chose en tête moi.

Lajoie. Peut-on, chemin faisant, être honorée de vos confidences. (Le petit badinage va son train, mais presque imperceptiblement.)

Mlle . de Beaucontour. Assurément : cela me soulagerait même mieux encore que……

Lajoie. Mais les deux soulagemens ensemble doivent produire un excellent effet. Point de petites mièvreries, et contés-moi vos peines… (alors se laissant faire toujours, Mlle. de Beaucontour, l’un de ses bras par dessus l’épaule de l’agente, s’épanche ainsi verbalement.)

Mlle . de Beaucontour. En vérité, Lajoie, mon état n’est pas à beaucoup près aussi doux que je me l’étais figuré.

Lajoie, (agissant.) Que vous manque-t-il ?

Mlle . de Beaucontour. Le contentement du cœur.

Lajoie. Du cœur à la Bouflers ? On fait cependant ce qu’on peut pour lui faire plaisir.

Mlle . de Beaucontour. Eh non ! je parle de l’autre.

Lajoie. Ah ! c’est du cœur sentimental qu’il s’agit. Eh bien ! Mdme. la Duchesse vous adore.

Mlle . de Beaucontour. J’aimerais mieux qu’elle se bornât à m’aimer.