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Page:Nerciat - Contes saugrenus, 1799.djvu/90

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enfin le garnement en se frottant le front) tu ne demeureras pas en chemin pour un pas difficile : il faut que ton maître ait sa Jannette, et que la Dorothée qui me plait encore mieux à moi, soit la récompense de ma glorieuse peine. „ Un coquin dort ordinairement fort bien, lorsqu’il a fixé le plan d’une entreprise coupable. C’est tout à fait le rebours, qui arrive aux honnêtes gens.

De bonne heure. Monsieur Diavolo se met en campagne : à tout hazard il prend le chemin de la métairie du mont… En passant le long d’un sentier, près du bord d’un escarpement, (formé par un gros morceau de rocher séparé de plusieurs autres blocs, et qui concourt avec eux à fermer une espèce d’antre, couvert en quelques endroits par d’épaisses touffes d’arbustes sauvages mêlées de ronces,) notre homme, à l’oreille subtile, entend marmotter quelqu’un à travers ce fouillis : arrivé sur le bord de cet espèce de précipice, il découvre que de l’autre côté il y a comme une route frayée, et c’est à la refermer après eux que s’occupent deux jeunes garçons, causant ensemble et toujours s’approchant de plus en plus de l’espèce de cabinet découvert que ferment les blocs de roche.

Diavolo, tapis dans les broussailles, distingue à merveilles Guillot et ce que celui-ci dit à Jacot ; son compagnon donne de grandes lumières pour certain projet à l’écouteur, que la conversation suivante, sert de même à merveille pour son propre compte.

Guillot. Voici l’endroit, tu vois qu’il n’est pas difficile d’y arriver par le chemin que nous avons pris ! A l’heure convenue, tu les amèneras toi même : je serais en avant, à vous attendre. Aye soin seulement de recourber toujours derrière toi les branches de noisetiers, et de replacer les grosses pierres…

Jacot. Je n’y manquerons pas.

Guillot. Tu vois que d’ailleurs l’endroit est commode : voici un joli petit rafraichissoir pour nos bouteilles…

Jacot. Dame ? t’as eu bin de l’esprit de trouver çà !