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Jacot. (tremblant) Je n’ai pas peur moi…

Guillot. Nous voici au but… Avoue maintenant, ma chère Jannette, que l’endroit est commode et sur ?

Jannette. Mais à quoi bon le venir chercher si loin ! D’accord ensemble, et nos parens n’étant pas éloignés de consentir à notre mariage, ne pouvons-nous pas nous voir librement à portée de chés nous, dans les jardins, dans l’avenue du château de Mr. de Monroc.

Guillot. J’ai mes raisons, mon cœur, pour que nous ne nous voyons plus, pour le tête à tête, qu’avec le plus grand mystère… (pendant que ce couple cause, l’autre tire d’un panier de quoi faire collation, et met rafraichir dans un petit courant d’eau claire, deux bouteilles de vin. Tout près Dorothée dépose une cruche pleine de lait, qu’elle doit porter, après le rendés-vous, au chateau : Mr. Jacot, pendant ces petits préparatifs fait à sa bonne amie des agaceries qu’elle endure assés gaiement pour que les témoins cachés puissent supposer qu’elle n’en est pas précisement à son apprentissage.)

La Ricaniere[1]. (caché) Cette Dorothée n’a pas l’air d’une novice.

Diavolo. (caché) Je commence à croire que le moineau est déniché.

Jannette. (à Guillot) Dis-moi, je t’en prie, qu’elles sont tes raisons, Guillot ?

Guillot. (se rendant familier) Nous aurons tout le tems de causer de cela, ma chère, quand nous aurons parlé d’autres choses… Permets d’abord… (il lui prend un baiser, et puis sa main tout de suite se faufile.)

Jannette. (troublée) Non, Guillot ! non, te dis-je, je ne veux plus souffrir que tu te fourres par là… (elle se débat) finis, ou je me

  1. Scène double.


fâche.