Page:Nerciat - Félicia.djvu/223

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Jeunesse ! Jeunesse ! faites votre profit de cet utile passage. Voyez comment, une fois lancé dans la facile carrière du libertinage, on y galope sans pouvoir se retenir. Ce Monrose, naguère si tendre, si réservé, le voilà déjà au niveau des plus grands débauchés. Déjà une maîtresse dissolue est venue à bout de lui faire surmonter une répugnance qui d’abord lui paraissait invincible. Il est vrai qu’avec une femme qui a vécu, il y a quelque chose à gagner de l’autre façon pour un jeune homme qui n’a pas de quoi remplir les espaces. Mais, en un mot, si Monrose, agent de plein gré, ne devient pas patient avec autant de résignation que le seigneur Anselme au château du More, que s’en faut-il ? Peu de chose. C’est qu’on s’y est pris moins adroitement, et qu’avec les gens d’honneur la violence ne vient à bout de rien.




CHAPITRE XXIV


Où l’on verra des choses intéressantes.


Peu de jours après l’aventure que je viens de décrire, nous apprîmes qu’il était arrivé de grands changements dans les affaires de sir Sydney. Il devenait lord par la mort d’un oncle, et voyait tripler sa fortune. Son projet était de nous donner encore un ou deux jours et de se rendre tout de suite en Angleterre. Il me mandait en particulier que le séjour que j’habitais ayant paru me plaire, il venait d’acheter cette terre en mon nom, persuadé que je ne lui ferais pas le chagrin de refuser un don que l’augmentation de ses biens rendait, selon lui, de peu de conséquence. Cependant, outre les bâtiments, les meubles, il y avait encore d’assez gros