Page:Nerciat - Félicia.djvu/306

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cessez de m’insulter, en détournant vos regards. Je ne fus jamais un homme vil ; je suis incapable… — Mon fils ! Où est mon cher fils ? — Zéila, votre fils est en sûreté. Accourant à Paris avec un empressement dont vous étiez l’objet, j’ai laissé ce cher Monrose en Angleterre ; mais vous le reverrez incessamment et vous apprendrez de lui-même qu’il se trouvait heureux de vivre avec moi. — Milord… je dois vous croire. — Vous m’insulteriez si vous aviez des doutes. — Mais où suis-je ? je ne vois donc autour de moi que des personnes à qui j’ai donné des sujets de plainte… Mesdames !…

— L’exécrable homme ! m’écriai-je tout à coup, lisant involontairement le nom de Béatin au bas de la lettre dont Mme  de Kerlandec venait de nous faire part, et que je ramassais pour la lui rendre. — Qu’est-ce donc ? dit Sylvina troublée. Quel étonnement !… — L’infâme Béatin, ajoutai-je…

Mme  de Kerlandec se hâta de mettre le papier en morceaux ; mais il n’était plus temps. — Apprenez, dis-je à mon tour à Mme  de Kerlandec, apprenez, madame, que le monstre qui vous écrit… — Celui qui m’écrit, madame, est un honnête ecclésiastique qui fut régent de mon fils dans le collège… — Sylvina et milord Sydney, joignant leurs exclamations aux miennes, interrompirent Mme  de Kerlandec. — Zéila, lui dit milord, ce scélérat vous abusait et c’est bien injustement que vous venez d’accuser ces dames. Votre fils leur a les plus grandes obligations. Ce régent, digne du dernier supplice, fut seul la cause de la fuite de Monrose, par ses duretés, par son abominable passion, par l’éclat de son infâme jalousie. — Ah ! milord, ah ! mesdames, dit-elle éplorée et nous tendant les bras.

Elle nous pénétrait d’attendrissement. Les alarmes d’une mère déclamante excusaient l’outrage sanglant qu’elle venait de nous faire essuyer. Nous le pardonnions à son égarement.