Page:Nerciat - Félicia.djvu/324

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J’avais suivi en Angleterre les chers auteurs de mes jours. Au bout d’un certain temps je les quittai pour voyager. Je m’arrêtai en Italie, où le goût des arts me fit trouver mille agréments. Peut-être ferai-je la folie de donner quelque jour au public l’histoire des aventures qui me sont arrivées dans ce charmant séjour. Mais si je n’écris plus, vous saurez, mes chers lecteurs, que pensant comme un homme doué d’une assez bonne tête et sentant comme une femme très fragile, je consacre mes jours aux études agréables, aux plaisirs d’une société choisie, et mes nuits aux délices de la volupté, dont je me suis fait un art que j’ai poussé plus loin qu’aucune femme. Constante en amitié, mais volage en amour, je suis heureuse et me flatte de n’avoir jamais fait le malheur de personne.

Si quelqu’un de ces gens sévères qui aiment qu’on fasse une fin me remontrait ici que, sortie d’un état équivoque dans lequel j’étais peut-être excusable de me conduire mal, j’aurais dû me réformer et vivre plus honnêtement, je lui répondrais que je n’y pensais pas dans le temps, et que d’ailleurs j’aurais peut-être fait des efforts inutiles. Car un homme de génie, qui connaît le cœur humain, a dit pour ma consolation et pour celle de beaucoup d’autres : « N’est pas toujours femme de bien qui veut ».




Fin de la quatrième et dernière partie.