Page:Nerciat - Félicia.djvu/76

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ignorance, elle doit vous avoir en horreur, puisque d’ailleurs, il lui faut quelqu’un un peu moins fou que vous pour la gouverner et la protéger contre les retours d’humeur qu’on pourrait lui faire essuyer, trouvez bon, s’il vous plaît, l’un et l’autre, que je la prenne pour moi… Nous allons vivre comme deux couples de tendres tourtereaux. Je ferai de mon mieux pour que tout le monde soit content, et cet arrangement, au surplus, durera… ce qu’il pourra. »




CHAPITRE XXVI


Suite du précédent. — Monseigneur est récompensé.


Nous demeurâmes stupéfaits et muets quand sa Grandeur eut cessé de parler. Sylvina, au comble de l’étonnement, les yeux fixes et la bouche béante, semblait demander si elle avait bien entendu. Le chevalier consultait tour à tour les visages pour deviner à quoi le sien devait se déterminer. Ses yeux disaient à Sylvina : Que je vais être heureux ! à son oncle : Vos bontés pour moi vont beaucoup trop loin ; et à moi : Laissons tout ceci s’arranger et nous nous retrouverons. J’arrêtais à mon tour des regards curieux sur la face riante de monseigneur ; mais je ne me trouvai plus pour lui cette prévention favorable, à qui, l’avant-veille, il avait eu l’obligation de commencer ce que le chevalier avait achevé. Devenue connaisseuse depuis que je voyais le neveu, l’oncle était déchu ; j’avais l’injustice de ne le trouver plus qu’un homme ordinaire.

Il se fit un assez long silence… Ce fut encore monseigneur qui le rompit. — Eh bien, dit-il, à quoi nous décidons-nous ? Voyons. — Mon cher oncle, reprit sur-le-champ l’habile fourbe, je n’ai point de mérite à souscrire aveuglément à vos