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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/191

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LE DIABLE AU CORPS.


faire la bégueule, je parais fort à mon aise ; j’assure que je n’ai point été leur dupe ; mais qu’à bon compte j’ai volontiers profité du bien inattendu que me destinait mon bon génie. Cette ruse me réussit au mieux ; Tournesol, pour lors, est à son tour mystifié ; ce n’est plus pour son compte qu’ont existé tous mes charmans transports : chacun en prend sa part, et se moque un peu de lui…

LA MARQUISE.

Ah ! que vous faisiez bien de mortifier l’amour-propre de ce vilain homme !

LA COMTESSE.

Je me leve ; je fais servir un déjeûner bien restaurant ; tous paraissent enchantés ; chacun m’offre, pour le moment et pour l’avenir, la continuation de ses services…

LA MARQUISE.

Pour l’avenir, passe ; car pour le moment, tu devais être moulue ?

LA COMTESSE.

Cela te plaît à dire. Je trouve, au contraire, plaisant d’escamoter l’un des deux voisins que j’avais à table, et, qu’à certaine familiarité risquée sous la nappe, je venais de reconnaître pour l’acteur distingué de la cinquieme passade. Un mot bien adroitement dit et recueilli de même, lui permet de se cacher dans certain cabinet ; ce qu’il exécute en prétextant fort naturellement la nécessité de se retirer un mo-