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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/193

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LE DIABLE AU CORPS.


tu l’entends ! Le destin ne veut pas permettre que ce diable de musicien cesse aujourd’hui de m’occuper ! Mon imagination s’était rembrunie à l’occasion de notre affreux Napolitain ; le feu d’un étonnant caprice venait de s’éteindre, et voilà que, comme si l’âne était d’intelligence, il me force derechef à penser à lui… Certes, il faut qu’il y ait entre nous et cet animal quelque secrette sympathie…

LA MARQUISE.

On n’est pas extravagante à ce point.

LA COMTESSE, plaisamment.

Pensez-en tout ce que vous voudrez, Madame ; mais puisque les grands mots sont lâchés, il ne m’en coûte plus rien de vous faire connaître à fond toute l’étendue de ma faiblesse. Sachez, Princesse, que j’ai jetté, sur Monsieur votre âne, un dévolu, et que je veux, avec votre permission, jouir un moment de son solide entretien… Faites mieux que d’approuver mon idée, soyons de moitié de l’expérience… Allons.

LA MARQUISE, après avoir
hésité un moment.

Allons.

LA COMTESSE, naturellement.

C’est parler cela ! — Comment nous y prendre, à présent ? J’irais bien à son écurie le chercher… mais je ne sais où c’est.