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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/241

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LE DIABLE AU CORPS.


à deux doigts de la bouche, tandis qu’elle darde sur lui les regards les plus lascifs.)
HECTOR.

Mon début, Madame, n’a pas été bien brillant. — Apprentif, c’est-à-dire, poudreux valet dans la boutique de mon maître-perruquier, n’ayant d’abord aucun goût pour la sale profession ; à peine regardé par la maîtresse, qui était une rousse de trente-six ans, acariâtre, buveuse et catin ; durement traité par le bourgeois, non moins ivrogne et brutal que sa vilaine femme ; vexé par les garçons, qui craignaient d’avoir, en ma discrete personne, un espion domestique, attendu que je ne laissais voir aucune disposition à prendre part dans les intérêts de leur ligue paresseuse et fripponne ; en un mot, complétement malheureux, je roulais dans ma tête, depuis assez long-tems, le projet de m’évader, lorsque ma bizarre étoile me conduisit, une perruque sur le poing, chez un Chanoine musicien de certaine église… Le nom du quidam n’y fait rien : mais ces détails doivent vous ennuier, Madame.

LA MARQUISE.

Au contraire, mon cher ; tout cela m’intéresse infiniment. Poursuis.

HECTOR.

C’était la veille de l’Ascension. Je sonne : le Chanoine lui-même vient m’ouvrir ; sa chambriere était absente, « Bonjour, Monsieur, (dis-je poliment) voici votre perruque que notre bourgeois vous envoie en vous assurant bien